Région des Grands Lacs : le Conseil de sécurité entre espoir et inquiétude

8 nov 2013

Région des Grands Lacs : le Conseil de sécurité entre espoir et inquiétude

25 juillet 2013 – Le Secrétaire général a souligné jeudi devant le Conseil de sécurité que les espoirs étaient grands de voir la fin de la violence cyclique et à grande échelle qui a ravagé l'est de la RDC au cours des 20 dernières années.

Il a aussi dit sa préoccupation devant les hostilités actuelles entre le Mouvemen...t du 23 mars (M23) et les Forces armées de la République démocratique du Congo.

Ban Ki-moon s'exprimait lors d'une réunion de haut niveau du Conseil de sécurité – présidé pour l'occasion par le Secrétaire d'Etat américain, John Kerry - sur la situation dans la région des Grands Lacs.

« Toutes les parties doivent revenir le plus rapidement possible aux pourparlers de Kampala. Le manque de confiance qui prévaut dans la région a bloqué les tentatives de recherche de solutions politiques », a-t-il regretté, invitant le Gouvernement de la RDC et ceux de ses voisins de l'Est à poursuivre un dialogue constructif.

Ce débat intervenait cinq mois après la signature de l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC (l'Accord-cadre) et la région, par lequel 11 pays africains se sont mis d'accord pour protéger la souveraineté territoriale et préserver la paix et la stabilité de la RDC en développant des relations de confiance mutuelle.

« L'Accord-cadre est une feuille de route claire », a estimé M. Ban, qui a indiqué que les perspectives pour une paix durable dans l'est de la RDC étaient meilleures que jamais.

Il a cependant reconnu que les groupes armés et les milices ne semblaient pas engagés de manière sincère dans le processus de paix. « C'est pour faire face à ce problème que nous avons renforcé la MONUSCO », a-t-il expliqué, faisant référence à la Brigade d'intervention.

« Cependant, même si les Nations Unies peuvent faire beaucoup, nous dépendons des signataires de l'Accord-cadre », a fait remarquer M. Ban en invitant les parties à s'abstenir de relancer les hostilités et de progresser sur la voie politique.

Il a aussi appelé la communauté internationale à utiliser tous les outils à sa disposition, allant des poursuites pénales internationales au régime des sanctions et à l'aide au développement, pour favoriser la stabilisation et l'établissement de la paix en RDC et dans la région des Grands Lacs.

Intervenant par téléconférence depuis Washington, Jim Yong Kim, Président de la Banque mondiale, est revenu sur la première mission conjointe qu'il a effectuée, du 22 au 25 mai dernier, en compagnie du Secrétaire général de l'ONU.

« Le calendrier de ce voyage n'était pas un hasard », a-t-il insisté. « Il s'agissait de profiter du créneau de possibilités offert par l'Accord-cadre afin de tout faire pour mettre fin à la violence et jeter les bases du cadre pour la paix ».

M. Kim a également rappelé que la Banque mondiale avait annoncé, à Kinshasa, une contribution de 1 milliard de dollars pour soutenir les grandes priorités de développement régional, dont 500 millions seront consacrés à des projets hydroélectriques.

De son côté, Mary Robinson, Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, a indiqué que depuis sa prise de fonctions il y a quatre mois, pas un jour ne se passait sans qu'elle n'entende des allégations de meurtres, de viols, d'abus sexuels et de déplacement de personnes dans l'est de la RDC.

« Ceci n'est pas acceptable », a déclaré Mme Robinson, rappelant la nécessité de mettre en œuvre la tolérance zéro qui constitue un élément central de l'Accord-cadre. Elle a indiqué que la population manifestait ce souhait en réclamant la paix et en exprimant le refus de l'impunité.

L'Envoyée spéciale du Secrétaire général a ensuite regretté que, selon des informations crédibles, certaines activités menées par des signataires de l'Accord-cadre, qui soutiennent des groupes armés, aillent à l'encontre de l'esprit de cet Accord.

De son côté, John Kerry s'est dit préoccupé par les récentes annonces selon lesquelles des soutiens extérieurs au Mouvement du 23 mars (M23) auraient repris, ainsi que par les allégations faisant état d'une collaboration entre certaines parties et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

Il a insisté pour que toutes les parties mettent fin à tout appui aux groupes armés et pour que tous les gouvernements de la région combattent l'impunité qui semble endémique. « Notre responsabilité est de faire en sorte que le passé de violence en RDC ne donne pas lieu à un avenir de vengeance », a-t-il conclu.

Lors de cette séance, le Conseil de sécurité a également adopté une déclaration présidentielle, par laquelle il condamne les nouvelles attaques qui ont été lancées par le M23 à proximité de Goma, du 20 au 22 mai, puis le 14 juillet dernier.

Le Conseil de sécurité se dit aussi préoccupé par l'activité croissante des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) dans l'est de la RDC, et notamment par les informations faisant état d'incursions des FDLR en territoire rwandais, et il exige que tous les membres des FDLR soient démobilisés et déposent les armes.

Il demande à la République démocratique du Congo et aux pays de la région d'appliquer intégralement, rapidement et en toute bonne foi les engagements qu'ils ont pris au titre de l'Accord-cadre.

Il appelle en outre les pays de la région à ne tolérer aucun groupe armé et à s'abstenir de fournir à ces groupes une aide ou un appui quelconque.